Marcel Mauss en 1936, le MAUSS et le Nouveau Front Populaire

Se félicitant de la victoire du Front Populaire à l’issue des élections du 3 mai 1936, fier du « succès de notre parti » face à la « menace fasciste », Marcel Mauss manifestait néanmoins, en sociologue et anthropologue attentif à la « délicate essence de la cité », quelques inquiétudes. Ainsi écrivait-il au sociologue Georges Gurvitch : « il ne suffit plus de tailler, il faut aussi recoudre ». Non seulement réconcilier les partis, les hommes et les femmes qui composent cette nouvelle coalition, divisée, désormais au pouvoir, mais plus généralement retisser, au sein d’une société fragile, « les fils de la confiance », réveiller ce qu’il nommait, dans son manuscrit sur la Nation, le « sens du social ». L’heure, écrivait-il dès 1923, n’est pas aux avant-gardes révolutionnaires :

« Du bolchevisme au fascisme, c’est une grande leçon de démocratie, mais aussi de prudence et de force qui se dégagent (…) Notre doctrine est essentiellement la doctrine des majorités agissantes. Finissons-en donc avec ces mythes de l’action directe des minorités agissantes. Soyons nous-mêmes. Forts et prudents, tant que nous n’avons pas la majorité, sages et alertes quand nous l’aurons, en éveil contre toutes les démagogies et toutes les réactions. »

Il s’inquiétait également des conditions de la liberté d’expression et du pluralisme. Ainsi écrivait-il à son « Cher ami » Léon Blum, deux jours après la victoire :

« S’il y a quelque chose qui puisse convaincre de la vérité des doctrines qu’à la suite de Durkheim j’ai toujours représentées, c’est l’invraisemblable succès du “bourrage de crâne”, forme pathologique des représentations collectives. Il n’y a donc rien de plus dangereux que de laisser le besoin d’avoir le crâne bourré à la merci des gens qui possèdent les appareils du bourrage »

Pour autant, le vieux Mauss — il a alors 64 ans, une santé précaire — ne s’engagera pas directement dans l’action politique, et s’il croit pouvoir être utile, c’est en reprenant sa « vieille place », celle d’un intellectuel, d’un homme de revue, reposant de relancer la vieille Revue socialiste mensuelle, dans un esprit résolument pluraliste, ouvert à tous les courants de la gauche d’alors, « publication de libre critique d’idées et de documentation objective ».

Pour une radicalité radicalement… modérantiste

Quant à nous, animateurs d’une revue qui se propose de poursuivre le travail de Mauss, d’un Mauss à la fois savant et politique, le moment historique que nous traversons nous oblige à assumer clairement notre engagement pour le Nouveau Front Populaire, dont la victoire est certes loin d’être acquise, mais aussi de préciser le sens de cet engagement et la nature de nos inquiétudes.

La doctrine maussienne des majorités agissantes, nous l’avons, par la voix d’Alain Caillé, définie par le terme de modérantisme radical, bien avant la soirée du 9 juin :

« […] nous avons absolument besoin de développer et de défendre ce que je propose d’appeler un modérantisme radical, ou encore une radicalité radicalement modérantiste. Une radicalité bien tempérée, si l’on préfère. Nous avons besoin de radicalité pour révéler et rendre intolérables toutes les dominations et les injustices. Mais nous avons aussi besoin que cette radicalité soit radicalement, intraitablement, modérantiste pour ne pas basculer dans son contraire et échouer dramatiquement, en se révélant plus oppressive que libératrice. Voilà un objectif difficile à penser et à réaliser, et notamment pour les jeunes qui ont besoin de s’opposer à un adversaire à portée de mains, clairement identifiable. Mais il est primordial si nous voulons reconstruire nos sociétés démantelées par près d’un demi-siècle de néolibéralisme. Il s’agit, en quelque sorte, d’introduire dans le champ des idées une stratégie de non-violence intellectuelle. Cette non-violence qui n’a rien à voir avec la passivité ou la lâcheté — c’est tout le contraire —, qui a si bien réussi à Gandhi dans sa lutte contre les colonisateurs anglais. » [1]

Ce modérantisme radical ne se limite pas à une simple condamnation, nécessaire, de la « brutalisation de la vie politique ». S’il nous semble aujourd’hui constituer la seule voie possible face à la menace d’une prise de pouvoir par l’extrême-droite, c’est au sens où, dans un contexte, néo-libéral, différent de celui des années 30, il est avant toute une invitation, comme le préconisait Mauss, à « recoudre » les fils d’un monde commun délié, un appel, pour reprendre une de ses formules dans l’Essai sur le don, à « s’opposer sans se massacrer ». Et c’est à ce titre qu’il peut seul répondre au paradoxe de la situation qui est aujourd’hui la nôtre.

En effet, la lutte contre l’explosion des inégalités économiques et contre la dégradation des conditions de vie matérielles devrait profiter à la gauche dont c’est en principe le cœur de métier et la raison d’être. Or, c’est tout le contraire qui se produit. Non seulement la gauche n’a pas su lutter contre l’hégémonie du néo-libéralisme, mais elle a contribué à son triomphe. Impuissante à s’opposer au règne du capitalisme rentier et spéculatif (quand elle ne s’est pas laissée acheter par lui), elle a surenchéri sur les luttes sociétales en les décrédibilisant du même coup puisqu’elles sont apparues à la fois comme le symbole et comme la contrepartie de l’abandon de la lutte contre la montée des inégalités.

Extrême droite, droite extrême et « gauche par défaut »

Face à la défaillance de la gauche, on se tourne vers l’extrême droite qui devient une sorte de gauche par défaut [2]. Paradoxe redoublé quand on observe, à l’échelle internationale, que pour lutter contre les inégalités et la dégradation des conditions de vie induites par le capitalisme rentier et spéculatif, les peuples, dans nombre de pays, votent de plus en plus pour des personnages qui en sont au contraire l’incarnation et comme la caricature. Des personnages qui savent gagner de l’argent par des voies douteuses, qui s’en vantent plus ou moins clairement, et qui se moquent ouvertement de la morale. Des personnages qui incarnent l’aspiration à la décivilisation, dirait Edgar Morin. Berlusconi hier, Duterte, Trump ou Bolsonaro plus récemment, pour n’en nommer que quelques-uns.

À leur manière ils réagissent au désencastrement des marchés qui, selon Polanyi, avait donné naissance aux totalitarismes classiques. Mais, loin d’appeler à un ré-encastrement dans les régulations étatiques — ce que Polanyi avait caractérisé comme un contre-mouvement —, ils proposent d’accentuer encore plus la dérégulation du marché, mais en proposant, à titre de compensation un ré-encastrement imaginaire dans des valeurs traditionnelles plus ou moins fantasmées. Grosso modo : travail, famille, patrie. Une des raisons de leur succès c’est qu’ils mettent en scène un alliage proprement schizophrénique. D’un côté ils se font gloire de donner libre cours aux pulsions les plus élémentaires, sexuelles, virilistes, voire meurtrières, et de ne reculer devant rien pour gagner le plus d’argent possible. De l’autre, ils se campent en gardiens de la vertu et des valeurs religieuses et familiales traditionnelles.

Ils réalisent ainsi l’alliance en apparence paradoxale entre un néolibéralisme, par principe cosmopolite, et un nationalisme exacerbé qui rappelle les meilleures heures du fascisme. Une réaction néolibérale en somme au néolibéralisme. Un contre -contre-contre mouvement ! Mais cette alliance est-elle aussi paradoxale qu’il pourrait le sembler ? Sans doute pas si l’on se penche vers les tout premiers pas du néolibéralisme et sur les modalités concrètes de son triomphe actuel.

Le soubassement autoritaire caché du néolibéralisme

En 1932, Carl Schmitt, considéré alors comme le plus grand constitutionnaliste allemand et qui deviendra, on le sait, le juriste imperator d’Hitler, prononce une conférence devant mille cinq cents patrons allemands intitulée « Du libéralisme autoritaire ». Il y explique que du libéralisme il ne faut conserver que la liberté du marché, et se débarrasser du principe de discussion et de tout ce qui peut ressembler à la démocratie parlementaire et partidaire. La différence, énorme, avec le libéralisme classique, c’est que selon Schmitt il faut un État fort pour permettre au marché de bien fonctionner, en matant toutes les aspirations à la démocratie économique et sociale.

Oui, mais tout cela c’est de l’histoire ancienne, sera-t-on peut-être tenté de dire. Ce serait une erreur car dès la même époque les auteurs qui allaient être connus après-guerre comme les fondateurs de l’ordo-libéralisme, la variante allemande du néolibéralisme, développent les mêmes thèses que Schmitt. En 1932, là encore, par exemple, Alexander Rüstow prononce une conférence dont le titre fait directement écho à celle de Schmitt, « Économie libre, État fort ». De même, dans La route de la servitude, Hayek, fondateur canonique du néolibéralisme actuel se réfère, discrètement, à Schmitt. Il est par ailleurs un chaud défenseur des valeurs traditionnelles.

Si le néolibéralisme aime à se présenter, au même titre que le libéralisme, comme le remède enfin trouvé à la guerre civile (grâce au « doux commerce »), il faut ici rappeler qu’il n’hésite pas en réalité à y recourir en cas de besoin (cf. l’exemple du Chili) tant il mène une guerre permanente contre tous les amis de l’égalité et de la solidarité, contre les SJW, les social justice warriors (les combattants de la justice sociale) et des droits de l’homme, stigmatisés comme les « ennemis de la liberté », autrement dit les ennemis du marché et de la concurrence.

Le propos pourrait être nuancé, néanmoins il est bon de (se) rappeler que ni le fascisme ni le nazisme n’étaient opposés au marché et au patronat, bien au contraire. C’est d’ailleurs en cela qu’a consisté leur différence principale avec le communisme. Et c’est encore vrai de tous les mouvements d’extrême-droite actuels, même s’il leur arrive, comme Marine Le Pen en France ou Giorgia Meloni en Italie, et comme tous les populismes latino-américains, de développer une rhétorique « sociale » de soutien aux plus démunis qui font le cœur de leur électorat. Car ce qu’ils proposent aux couches pauvres et laborieuses ce n’est pas tant une diminution des inégalités et une meilleure redistribution des richesses que la perspective de s’enrichir eux aussi, comme leurs leaders, tout en restaurant l’image de leur valeur et de leur dignité perdues.

Extension du domaine de la lutte : extrême-droitisation et bollorisation 

Ce soubassement autoritaire se manifeste également, conformément à la stratégie déjà mise en œuvre dans les années 1980 par la Nouvelle Droite, par une lutte pour l’hégémonie culturelle et intellectuelle. La prise ou reprise en main de certains médias (audiovisuels, presse, édition) par leurs propriétaires mêmes — qui, hier encore, se satisfaisaient de leur retour sur investissement, de la valorisation de leur capital sans trop mettre leur nez dans les contenus — vient rencontrer la seconde inquiétude de Mauss : « il n’y a rien de plus dangereux que de laisser le besoin d’avoir le crâne bourré à la merci des gens qui possèdent les appareils du bourrage ». La zemmourisation ou lepenisation de la politique et la bollorisation des médias vont aujourd’hui de pair et illustrent une nouvelle stratégie des corsaires de la finance [3] ou d’actionnaires conservateurs tentés eux aussi par l’offensive — ou la revanche — idéologique. [4]

Dans un autre contexte que celui que nous traversons, nous pourrions, au nom du pluralisme, reconnaître une certaine légitimité, par exemple, à des chaînes d’opinion comme CNews, ou à de certaines émissions [5], bien qu’elles malmènent le B. A BA du travail journalistique. Mais lorsque des puissances d’argent interviennent directement, « téléphonant » comme l’a révélé Le Monde des changements d’alliances politique à droite [6] ou évincent, comme aux éditions du Seuil [7] ou chez Fayard [8], des professionnels de l’édition, directeur et directrice littéraire, jugés idéologiquement incompatibles, la question du pluralisme mérite d’être posée à nouveau frais.

Comme nous avons pu nous inquiéter, dans quelques récents numéros de la revue (n°59 & 60), de l’esprit de censure qui travaille les manifestations contemporaines de la cancel culture et certaines constellations de la « critique critique » actuelle, n’est-ce pas un même esprit qui, du côté de la droite extrême et ses argentiers, nous menace, mais avec plus de force encore ? Et n’est-elle pas à l’œuvre chez celles et ceux qui anticipent déjà la victoire de l’extrême droite, pour ne pas mettre en danger leur carrière personnelle ? Et peut-être même au sein du service public [9] (affaire Meurisse), que Marine Le Pen appelle d’ailleurs à désarmer en le privatisant…

En tant qu’éditeurs de revue, auteurs d’ouvrages, mais aussi, pour certaines et certains d’entre nous, en tant qu’universitaires et intellectuels, nous nous devons d’être à la pointe de ce nouveau combat pour le pluralisme. En outre, cette censure (ou auto-censure), ces paroles bâillonnées, d’une part, ne sont pas sans faire craindre, d’autre part, un violent effet de désinhibition, la libération sauvage d’une parole « décomplexée ». N’est-elle pas déjà présente quand la croisade « anti-woke » américaine traverse l’Atlantique pour nourrir les obsessions, jusqu’ici en partie refoulées, d’une droite fondamentaliste contre certaines « minorités’, notamment sexuelles et ethno-raciales.

La gauche ne peut pas se raconter d’histoires ?

« La gauche ne peut pas se raconter d’histoires », a écrit un historien au lendemain du premier accord pour un « nouveau front populaire’, deux jours après la dissolution soudaine de l’Assemblée nationale par le huitième président de la cinquième République. Chaque composante de ce qu’il est convenu de nommer « la gauche » est en effet précaire, fragile, souvent guettée par la mélancolie, en proie à des doutes et des querelles profondes. La funeste formule des gauches irréconciliables a produit un lent travail toxique. Aujourd’hui il est possible de l’arrêter, de planter des haies et des arbustes qui stopperont la désertification intellectuelle soufflant sur la vie politique — désertification particulièrement visible chez les socialistes dont le parti n’est plus doté d’une revue théorique depuis qu’en mars 2017, La Revue socialiste, cessa de paraître. Cette revue fondatrice, créée par Benoit Malon, en 1885, à bout de souffle en 1936 et que Mauss souhaitait déjà réinventer et réactualiser.

La formule médiatique des gauches irréconciliables n’a aucun fondement théorique sérieux, aucune profondeur historique, aucune vision sociologique de ce que signifie voter communiste, écologiste, socialiste, ou trotskiste. Cette formule n’est qu’un slogan publicitaire. Il faut s’en débarrasser. En elle-même elle exprime d’ailleurs une vision antidémocratique, excluant la nuance, l’évolution, le dialogue, la concession, la critique, la reconnaissance d’un pluralisme créatif, la possibilité d’une réconciliation.

Léon Blum, l’homme du Congrès de Tours qui défendit, avec Mauss, la vieille maison socialiste contre le bolchevisme fut aussi l’homme du Front populaire aux côtés des communistes staliniens. Autre exemple, qui correspond certainement plus aux références des communicants qui orientent les gouvernants : Ordralfabétix le poissonnier et Cétautomatix le forgeron sont irréconciliables et passent leur temps à se chamailler. Mais lorsqu’il s’agit de défendre l’irréductible village gaulois, ils se retrouvent ensemble dans la bagarre. Goscinny et Uderzo poussent le génie sociologique en montrant comment, tout en distribuant des châtaignes à leur ennemi commun, ils continuent à se quereller. S’opposer, sans se massacrer, disions-nous.

La vraie question n’est donc pas celle des gauches prétendues « irréconciliables ». La vraie question, on le sait bien, est de savoir si la gauche « se sent capable » de se réconcilier avec l’exercice du pouvoir. Il est tellement confortable de ne pas l’exercer, de rester dans le doux monde des discours de tribune — ceux qui n’engagent à rien, ceux qui ne demandent aucune vérification, aucun contact avec la dureté du réel, celle sur laquelle on se cogne. La gauche, on le sait bien aussi, est capable de gouverner à l’échelle municipale, départementale et régionale. Tout l’enjeu est de retrouver la clef de transposition de ces expériences à l’échelle nationale. Ce ne sont pas des notes d’orientation ni des analyses de sondage, encore moins des « éléments de langage » pour apparatchiks paresseux qui pourront réaliser cette opération. Ce sont des audaces et des actions, des prises de risque et des paris, des effractions soudaines dans le spectacle politico-médiatique. Le nouveau Front populaire peut constituer une de ces irruptions imprévues à même de transformer les choses et d’enrayer la dissolution de la société démocratique.

La droite républicaine est aphone. L’extrême centre macroniste communique. L’extrême droite lepéniste déplie son grand rouleau de contes et légendes. Elle rêve de réécrire l’histoire à sa façon ; en faisant oublier qu’elle n’a accédé au pouvoir qu’une fois, à l’occasion d’une catastrophe militaire, en un temps de malheurs, qui a ouvert la voie à la collaboration.

« La gauche ne peut pas se raconter d’histoires », l’avertissement de l’historien peut s’entendre autrement : c’est son incapacité à se raconter et à raconter des histoires qui la plonge dans l’échec impuissant et le ressentiment. Il lui faut donc retrouver la force de construire de nouveaux récits. Comment ? En retournant d’abord au travail des idées fondé sur une connaissance théorique et pratique de la réalité sociale. En se tournant enfin vers les classes populaires, toutes les classes populaires, et en écoutant les classes moyennes entrées dans le déclassement ou l’inquiétude du déclassement. Et apporter des réponses, des perspectives et même des solutions.

La gauche ne peut pas se raconter d’histoires. Mais elle peut se réinventer et se ressaisir d’elle-même et de son destin pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire de la démocratie française qui soit fidèle à cette aventure agitée, riche de conquêtes, de querelles, de combats, d’émancipations et de bonheurs.

On le voit, sans une large mobilisation, l’avenir des valeurs humanistes et démocratiques ne s’annonce pas brillant. Elles ne triompheront pas aisément, loin s’en faut. Mais n’oublions pas, en effet, que partout dans le monde, malgré tout, c’est toujours au nom des valeurs démocratiques que les peuples se soulèvent, au nom de la liberté d’opinion et de vote, de la protection contre l’arbitraire. L’occident a discrédité la démocratie qu’il professe en voulant l’imposer par la force, par la colonisation et la prédation. Il lui reste à se réinventer en mettant ses actes en accord avec ses paroles.

Le rôle d’une gauche renouvelée d’une post-gauche, si l’on veut, sera de porter cette réinvention de la démocratie par elle-même. Pour mener à bien l’indispensable lutte écologique, elle ne pourra pas compter sur la seule « classe écologique’ évoquée par Bruno Latour, à supposer que celle-ci existe. Il lui faudra savoir parler à tous ceux qui souffrent de l’hégémonie néolibérale, de la domination du capitalisme rentier et spéculatif. Peut-être pas les 99 % évoqués par David Graeber, mais disons les 80 ou 90 %. Il y a parmi eux, outre toutes les couches populaires et moyennes, beaucoup de cadres dirigeants et de chefs d’entreprise, et, plus encore, leurs enfants.

Espérons que le Nouveau Front Populaire, qui vient de se former en écho à celui de 1936, saura avancer, dans la direction que nous venons de rappeler et soutenons-le dans cet esprit résolument maussien qui aspire à recoudre la société.

Contact : Philippe Chanial, directeur de la Revue du MAUSS philchanial@gmail.com

// Article publié le 16 juin 2024 Pour citer cet article : La Revue du MAUSS , « Marcel Mauss en 1936, le MAUSS et le Nouveau Front Populaire  », Revue du MAUSS permanente, 16 juin 2024 [en ligne].
https://journaldumauss.net/./?Marcel-Mauss-en-1936-le-MAUSS-et-le-Nouveau-Front-Populaire
Notes

[1https://convivialisme.org/wp-content/uploads/2021/04/moderantisme_radical_2021-04.pdf, ou L’urgence d’un modérantisme radical, 2021, www.revuedumauss, com, Les extras du MAUSS.

[2Nous reprenons ici une partie des analyses développées par A. Caillé dans Extrême droite partout, pourquoi  ? Le Bord de l’eau, 2023. Écrites il y a près deux ans, elles ne portent pas directement sur la situation française actuelle, très particulière, mais sur les raisons générales de la montée en puissance de l’extrême droite dans le monde. Il nous semble clair cependant que l’union des gauches qui vient d’être actée en France ne sera féconde que si, au-delà des enjeux électoraux immédiats, elle s’inscrit consciemment dans cette perspective mondiale.

[3Voir l’excellent article de Jean-Maxime Grabier, pour la revue Esprit, novembre 2021 : « La bollorisation des médias » : https://esprit.presse.fr/actualites/jean-maxence-granier/la-bollorisation-des-medias-43727

[4Les résultats aux élections européennes du 16e arrondissement en constituent un symptôme significatif : la liste « La France fière », menée par Marion Maréchal a atteint l’un de ses meilleurs scores, près de 14 % (et près de 12 % pour le RN, 4 % en 2019)

[9On songe ici à l’affaire Meurisse sur France Inter. Et, dans tout autre cadre, à l’éviction récente d’Alain Policar du Conseil des sages de la laïcité par la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet :

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/30/exclusion-d-alain-policar-du-conseil-des-sages-de-la-laicite-cet-acte-d-autorite-interroge-sur-l-etat-des-m-urs-democratiques_6230768_3232.html

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