Revue du Mauss permanente (https://journaldumauss.net)

Véronique Taquin

L’égalité des singularités, ou l’achèvement de l’Etat-providence
A propos de « La Société des égaux », de Pierre Rosanvallon

Texte publié le 19 janvier 2012

Paris, Le Seuil, 2011, coll. « Les Livres du Nouveau Monde », ISBN-10 : 2021023478. ISBN-13 : 978-2021023473. 22,50 euros.

Le livre vise à refonder la démocratie comme « société des égaux » en repensant l’idée d’égalité, dont il faut surmonter la crise. Car si les inégalités explosent aujourd’hui au point d’appeler la comparaison avec la fin du XIXè siècle [1], tout le problème selon l’auteur réside dans le consentement à l’inégalité qui a permis son retour en force [2].
Quoi qu’on pense de la part accordée par l’auteur à ce consentement de « la société » par rapport à l’évolution économique ou aux responsabilités politiques et syndicales, on peut admettre avec lui qu’il contribue bien à la déstabilisation des partis et syndicats de gauche qu’il importe d’éclairer. En outre, lorsque P. Rosanvallon prévient que « si l’écart entre les institutions existantes de solidarité et les figures reconnues de la justice sociale continuait de se creuser, les évolutions pourraient être brutales » [3], il semble urgent de réfléchir à la position des « classes moyennes » et des « classes populaires actives » [4], autant qu’à la résurgence des « entreprises perverses » qui ont marqué la première crise de l’égalité à la fin du XIXè siècle, le nationalisme, le protectionnisme et la xénophobie « comme remèdes à la question sociale » [5]. Enfin, l’intérêt de la position soutenue par P. Rosanvallon est de demander l’explicitation du contrat social sur lequel repose la protection sociale, puisque celle-ci est entrée en crise avec la conception de l’égalité.
On s’intéressera ici à la façon dont l’auteur explique ce retour des inégalités, puis aux solutions préconisées.

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Pour expliquer le « grand retournement » des sociétés et des idées vers l’inégalité, qui commence à la fin des années 1970, P. Rosanvallon mentionne les causes conjoncturelles que sont l’effondrement du communisme, qui prive de ses ressorts « le réformisme de la peur » [6], et l’éloignement par rapport à la guerre, qui avait resserré le lien social et ainsi justifié des politiques fortement redistributives ; puis il s’intéresse à trois causes « plus structurelles » [7].
Il y a tout d’abord la crise des institutions de solidarité [8]. Le chômage de masse entraîne une dissociation de l’assurance sociale assise sur les cotisations des travailleurs et de l’assistance aux exclus dont les besoins vont croissant, ce qui affaiblit la légitimité du système de protection sociale auprès des classes moyennes. D’une part le « paradigme assurantiel » s’affaiblit, quand se déchire le « voile d’ignorance » derrière lequel on souscrit au principe de justice de John Rawls (les inégalités ne sont admissibles que si elles bénéficient aux plus défavorisés), car il ne devient que trop clair que les exclus du marché du travail ont un profil définissable (il s’agit des travailleurs peu qualifiés ou psychologiquement fragiles que les entreprises ont évincés comme main d’œuvre peu productive pour externaliser leurs coûts et les mettre à la charge de l’Etat-providence [9]), par conséquent on croit savoir si on est susceptible ou non de bénéficier du principe et les égoïsmes peuvent entrer en jeu. D’autre part, aucune théorie de la justice sociale ne vient justifier les changements qui au cours des années 1980 accroissent la redistribution verticale (entre classes de revenus) au niveau du financement et de l’attribution des prestations [10]. Le résultat en est la délégitimation de la redistribution et de l’impôt.
La mutation du capitalisme est le deuxième facteur explicatif [11] : au capitalisme d’organisation analysé dans les années 1960 par J.-K. Galbraith et A. Shonfield [12] succède un capitalisme des singularités, une économie de l’innovation et des services, qui valorise les capacités individuelles de création et les logiques afférentes, depuis la rémunération de compétences personnelles (et non plus seulement de qualifications professionnelles collectivement défendables), jusqu’à l’ensemble de l’idéologie individualiste qui en découle.
Et donc, troisième facteur explicatif, les « métamorphoses de l’individualisme » [13]. C’est le passage de l’individualisme d’universalité à un individualisme de singularité. Ce dernier est très sensible aux « discriminations », c’est-à-dire à des inégalités portant sur tout autre chose que des rapports de classes (les différences de genre, d’orientation sexuelle, de race, de religion, etc., tout ce qui peut être l’occasion de brimer la personne en dehors de son appartenance de classe [14]). L’individualisme de singularité correspond à l’aspiration de chacun, dans cette nouvelle société, à être quelconque mais aussi à être quelqu’un, c’est-à-dire à la limite « une star, un expert ou un artiste » [15]… et au moins à s’éprouver plus déterminé par son histoire personnelle que par sa « condition » [16] : ce qui ne serait pas pure illusion, car, écrit P. Rosanvallon, « les inégalités résultent dorénavant autant de situations (donc individuelles) qui se diversifient, que de conditions (donc sociales) qui se reproduisent », les nouvelles inégalités étant « intra-catégorielles » [17].
Dans l’explication du retour en force des inégalités, P. Rosanvallon accorde beaucoup au consentement tacite, l’évolution satisfaisant certaines attentes sociales (des droits individuels mieux reconnus, une marge de manœuvre individuelle élargie…), mais cette « tolérance implicite » face aux inégalités en pratique coexiste avec leur condamnation de principe, et l’auteur retrouve la posture du moraliste pour épingler l’hypocrisie sociale : « je propose d’appeler paradoxe de Bossuet cette situation dans laquelle les hommes déplorent en général ce à quoi ils consentent en particulier » : « on voit ainsi fréquemment, pour ne prendre que cet exemple, les jugements accablants sur l’injustice du système éducatif voisiner avec des comportements individuels d’évitement des obligations de la carte scolaire » [18]. « L’idéologie de la concurrence généralisée ne s’est pas imposée par un coup de force ou une capacité de mystification d’un groupe de pression « néolibéral » », mais « parce que face à une définition ressentie comme plus problématique ou plus controversée d’un intérêt général, elle a donné une consistance directement tangible au fait modeste (…) d’une capacité de libre choix accrue des individus, que cela se manifeste sur le terrain peu exaltant des produits de consommation courante ou sur celui plus conséquent de l’école de leurs enfants. » Et quel que soit « leur malaise devant l’évidement du politique », « ces individus ne sont pas prêts à renoncer à ces petits pouvoirs, quelles que soient leurs limites » [19].
Ces glissements vers le discours moralisateur, à propos de l’école, mais également du logement, ou du partage de l’espace public, dans la déploration du « séparatisme généralisé » [20], montrent les limites d’une approche de philosophie sociale, prompte à dénoncer le vécu hypocrite des principes, quand on gagnerait surtout à comprendre ce qui, dans le dysfonctionnement de l’école, ou dans les problèmes des quartiers d’habitat social et de partage de l’espace public, déclenche la réaction individualiste [21] : car les solutions ne résident ni dans les cours de morale égalitaire, ni dans les mesures coercitives qui en découleraient à l’encontre des « classes moyennes » et des « classes populaires actives » [22]. Et sur les exemples donnés, on peut penser que le chômage de masse comme politique du capital joue un rôle primordial dans la déstructuration des classes populaires et donc dans la turbulence d’une partie de la jeunesse populaire sortie du contrôle social au profit d’une socialisation désastreuse par le groupe des pairs et la « rue » : encore faudrait-il vouloir mettre fin au chômage, au lieu de chercher les solutions philosophiques qui permettent de s’adapter en douceur à la situation qu’il crée, et cela aux moindres frais pour le camp du profit [23]. Ici, les mesures de contrainte envisageables ne feraient guère qu’accroître les occasions de conflit dans des espaces communs sans régler en rien les problèmes dont la cause ne réside pas dans un manque de mixité sociale [24].
En outre, plus largement, le thème du consentement aux inégalités est difficile à établir dans les faits si l’on en reste à la logique des idées, et sans tenir compte des rapports de forces dans l’entreprise et entre les classes sociales [25] qui ont décidé de la situation actuelle, par rapport à ce qu’étaient les rapports de forces il y a quarante ans. Où voit-on que la population ait été consultée par une question claire sur le sujet des inégalités, de la redistribution et des moyens de l’assurer ? Ce qui caractérise la période est bien plutôt l’électoralisme et la démagogie qui opacifient autant que possible le discours politique et maintenant refusent à gauche l’engagement clair sur un programme. Quant à l’affaiblissement du « paradigme assurantiel », c’est une hypothèse que fait P. Rosanvallon, mais il faudrait l’étayer par une approche sociologique (quels groupes bénéficiaires et quels groupes contributifs, avec quelle acceptation ou quel rejet du fonctionnement ?...), pour donner corps à ces affirmations sur le consentement aux inégalités et sur la définition devenue plus problématique de l’intérêt général – comme si cette définition avait jamais été simple - si du moins l’on veut que la philosophie sociale ne se contente pas de reprendre en charge une idéologie.

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Après avoir critiqué les philosophies de la concurrence généralisée, méritocratie et égalité des chances, comme incapables de fonder un projet de société valable [26], après avoir souligné l’incapacité de cette idéologie à convaincre la majorité de la justice des écarts de revenus et de patrimoines qui explosent aujourd’hui [27], l’auteur préconise d’adapter l’idée d’égalité à l’âge de la singularité, les diverses dimensions de l’égalité repensée devant donner le critère des inégalités économiques admissibles.
De l’égalité conçue comme similarité à l’âge des révolutions française et américaine, il faudrait selon lui passer à l’égalité des singularités [28], ce qui doit se traduire par des politiques de lutte contre les discriminations (y compris par la discrimination positive), mais également par l’individualisation des droits sociaux. De l’égalité conçue comme indépendance, il faudrait passer au principe de réciprocité, ce qui signifie réprimer par la loi humiliations de la personne et harcèlement [29], mais également lutter contre le parasitisme, odieux aux « classes moyennes » et aux « classes populaires actives » [30] : il faudrait donc mettre à plat les politiques de solidarité et revenir à des « politiques universelles » [31], c’est-à-dire sortir de l’Etat-providence sélectif qui ne se consacre qu’aux exclus et se transforme en Etat d’assistance. Enfin, la citoyenneté étant acquise sur le plan des droits politiques (droit de suffrage) et civils (droits de l’homme), c’est la dimension sociale de la citoyenneté qu’il faudrait développer aujourd’hui selon le principe de communalité [32], qui tend à la construction d’un monde commun : c’est alors une lutte contre le « séparatisme généralisé » de notre société qu’il faudrait mettre en œuvre, en visant le partage de l’espace public, et en luttant en particulier contre la tendance des communes et des regroupements d’agglomérations à faire ressurgir la figure du citoyen-propriétaire.
On ne peut que suivre P. Rosanvallon lorsqu’il affirme [33] que la limitation des revenus et des patrimoines les plus élevés est aujourd’hui indispensable dans la mesure même où ils menacent la construction d’un monde commun. Mais pour sortir des affirmations générales, il importerait aussi de faire comprendre à l’électorat, par des analyses concrètes, en quoi ces écarts jouent un rôle nuisible à l’intérêt général dans différents domaines. Ainsi par exemple dans le domaine des prix de l’immobilier, avec les conséquences que l’on devrait savoir sur la hausse de l’ensemble des prix, le rôle des revenus et patrimoines les plus élevés ; car le séparatisme commence ici par le haut, et ne se produit pas indifféremment à tout niveau selon la position moraliste qui voudrait que « chacun d’entre nous » batte sa coulpe à ce sujet [34].
Les autres solutions envisagées soulèvent elles-mêmes plusieurs problèmes :
On peut tout d’abord s’interroger sur la façon dont P. Rosanvallon aborde la question de la nation, puisqu’il lui paraît urgent de « renationaliser » la démocratie, pour faire de la nation un espace de redistribution acceptée. Car la charge contre le « national-protectionnisme » de la fin du XIXè siècle (avec des anti-héros comme Barrès et son proto-fascisme) épargne sans doute les politiques protectionnistes lorsqu’elles sont pure affaire économique, mais cette prudente distinction [35] manque de prolongement, si bien que l’ensemble du discrédit jeté sur le « national-protectionnisme » de la fin du XIXè siècle aux années trente rejaillit insidieusement sur les politiques protectionnistes qui sont aujourd’hui envisagées. Or l’auteur insiste pour affirmer que la mondialisation n’est pas une cause primordiale dans la crise de l’égalité qu’il analyse [36], et il a soutenu auparavant que la solution n’est pas de desserrer la contrainte extérieure exercée sur les entreprises par cette mondialisation, si l’on veut réduire les problèmes sociaux créés par la recherche de gains de productivité évinçant du marché du travail une partie de la population : dans La nouvelle question sociale, P. Rosanvallon évoquait « l’illusion protectionniste » comme solution impossible à la « question sociale » et lui préférait la « société d’insertion », c’est-à-dire le R.M.I. [37]. On peut également trouver curieux que la question de la laïcité soit passée sous silence dans cette réflexion sur la mise au goût du jour des principes de l’égalité, et surtout quand la question des droits des femmes est tranchée en toute légèreté au profit d’un différentialisme qui pour le moins ne fait pas consensus [38].
En second lieu, l’auteur préconise, avec cette « politique des singularités », une individualisation des politiques sociales qui pose problème. La « personnalisation de l’action publique » lui apparaît nécessaire puisque son objet devient « l’histoire de chaque individu et non plus seulement le traitement administratif de populations données » [39], et que, comme il l’expliquait dans un livre antérieur, les statistiques et la sociologie perdent de leur pertinence pour expliquer les itinéraires vers l’exclusion, par rapport à la psychologie [40] : on constate des variantes biographiques très individuelles comme les rencontres, les divorces, les pannes de l’existence, ce qui mettrait en difficulté les statistiques traditionnelles et même, donnerait lieu à un certain désarroi du sociologue dans son déchiffrement de la société [41], au point d’invalider ensemble l’Etat-Providence et le déchiffrement du social par classes sociales. Cette recherche d’une individualisation du social renforce le contrôle des bénéficiaires de l’aide sociale tout en les exposant à l’arbitraire des travailleurs sociaux, et nous voilà fort loin des singularités artistes de la modernité … [42] Quant aux principes, l’expression d’égalité des singularités semble préparer sans crier gare un coup de force notionnel, avec un enjeu lourd puisque c’est l’universalisme de la loi qui s’y remet en question. Je souscris à la critique adressée par Lucien Jaume à cette atténuation du rôle de la loi [43] dans sa dimension universelle au bénéfice d’une orientation néolibérale qui veut s’appuyer « par la gouvernance et le management » sur « les préférences et les pratiques des individus eux-mêmes pour dégager les normes qui s’appliquent à tous », ce qui « produit non pas un moindre Etat (… mais) une autorité plus étroite parce que moins visible, anonyme et démultipliée ».
Enfin, si l’on veut éclaircir le contrat social sur lequel doit, en effet, reposer une société des égaux, c’est de « la loi fondée sur un choix démocratique clair » [44] qu’on attendra davantage que P. Rosanvallon, pourvu que les intérêts des différents groupes sociaux puissent être compris et le rapport explicité entre les principes avancés et les programmes qui s’en réclameront. On s’interroge en particulier sur l’exclusion systématique d’une analyse en termes de classes sociales et de rapports de classes, dans la discussion sur les principes : par exemple le grand thème de la discrimination qui semble au goût du jour fait qu’on n’aura pas un mot sur la domination de classe [45], ni dans l’inventaire des manières de brimer la personne et d’empêcher son libre épanouissement, ni dans la réflexion sur les mesures correctives à envisager (ainsi, pourquoi ne s’interroge-t-on jamais sur la représentation selon des critères de classe, au Parlement et dans les conseils d’administration des entreprises, etc., quand l’évidence idéologique veut qu’on songe à d’autres critères, de race ou de genre ?)
Les mesures correctives résultant d’une prise en compte de la domination de classe ne seraient-elles pas de nature à ressouder plus étroitement les liens nationaux, au lieu de prendre le risque d’encourager les revendications identitaires divisant la nation en communautés ? Mais au fait, quels sont les groupes sociaux intéressés au maintien de l’Etat-providence (ce serait un critère pour fixer la limite entre classes moyennes et groupe élitaire), et lesquels le sont à sa démolition douce ? C’est peut-être une question qu’on aurait aimé poser en 1981, quand P. Rosanvallon, déjà, critiquait l’Etat-providence, annonçait sa mort et demandait le dépassement de la social-démocratie – au nom de divers motifs, depuis la critique autogestionnaire de l’Etat et la nécessité de lutter contre les avantages acquis des travailleurs protégés, jusqu’à la « baisse du pouvoir d’achat des cadres » [46]
Si la philosophie sociale doit jouer un rôle dans le conseil aux puissants du jour, on peut légitimement lui demander de sortir de l’abstraction des principes avancés pour indiquer leur traduction en mesures concrètes, car seul un tel programme permettrait de juger : or ce que l’on commence à imaginer à partir des suggestions de La Société des égaux est très lourd de conséquences et extrêmement contestable malgré la référence à de grandes valeurs : l’égalité néolibérale, malgré ses apparences apaisantes, n’a rien de consensuel.

NOTES

[1P. Rosanvallon reprend les analyses de T. Piketty, E. Saez et C. Landais concernant « l’accroissement spectaculaire » des rémunérations les plus hautes, l’augmentation du nombre des personnes percevant les rémunérations les plus faibles et la concentration des patrimoines, p. 12-13, p. 287.

[2C’était déjà sa problématique dans La crise de l’Etat-providence, Seuil, première édition en 1981, et dans La nouvelle question sociale. Repenser l’Etat-providence, Seuil, 1995.

[3La société des égaux, Seuil, 2011, p. 298.

[4Ibid. p. 378 ; le lien est fait avec la montée de l’extrême droite p. 379. La nouvelle question sociale (op. cit.), témoignait également de cette préoccupation, cf. p. 91 passim : « envisager un ciblage de la couverture sociale en matière de santé », au profit des « exclus » et au détriment des classes moyennes ferait « souffler un vent de révolte au sein des classes moyennes salariées, ouvrant la voie à toutes les aventures ». La solution préconisée est dès lors de basculer autant que possible le financement des prestations sociales depuis les cotisations sociales (qui présentent le double inconvénient de laisser attendre une « contrepartie » … et de grever la « compétitivité » des entreprises) vers l’impôt, à condition d’en repenser le barème, et cela en intégrant des critères tels que : jeunes/vieux, emplois protégés/emplois exposés, cf. p. 100.

[5La société des égaux, op. cit. p. 21.

[6Ibid. p. 289.

[7Ibid.

[8Ibid. p. 287 sq.

[9Voir sur ce point La nouvelle question sociale, op. cit. p. 108-117.

[10En 1995, La nouvelle question sociale, op. cit. établit bien ce point (p. 36 sq) : déplafonnement des cotisations sociales, extension des bénéfices aux non-cotisants, exonération de charges sociales des entreprises pour les travailleurs peu qualifiés, cotisation des fonctionnaires pour le chômage, développement de la part non-contributive des retraites, etc. Mais l’accent est mis également sur les transferts générationnels (au bénéfice des plus âgés, alors que la perception de l’équité change avec la révolution démographique qui voit la durée de vie s’allonger et la natalité décroître, p. 43 passim.)

[11Ibid. p 299 sq.

[12Ibid. p 279 sq.

[13La société des égaux, op. cit. p. 303 sq.

[14Ibid. p. 303. Inégalités irréductibles aux rapports de classes qu’A. Touraine avait mises en valeur, et P. Rosanvallon avec lui.

[15Ibid. p. 310.

[16Ibid. p. 309.

[17Ibid.

[18Ibid. p. 17-18.

[19Ibid. p. 327-328.

[20La thèse d’E. Maurin reprise par P. Rosanvallon a été beaucoup nuancée par Edmond Préteceille, dans « La ségrégation contre la cohésion sociale : la métropole parisienne », p. 195-246 dans L’épreuve des inégalités, sous dir. de H. Lagrange, PUF, 2006.

[21Voir dans le même esprit la critique de certaines réflexions moralisatrices de R. Reich, lorsqu’il dramatise le dilemme de l’individu pris entre ses exigences altruistes de citoyen et son égoïsme de consommateur et d’investisseur : Jérôme Maucourant et Véronique Taquin : « A propos du livre de Robert Reich, Supercapitalisme », dans la revue du M.A.U.S.S. n° 31, 1° semestre 2008.

[22En matière de carte scolaire, notamment, si l’on suivait M. Oberti, peu conscient à mon avis du problème du contrat social et des possibles réactions de rejet de ceux qui financent l’école, lorsqu’il raisonne sur elle. Cf. « Homogénéiser ou différencier et spécialiser les contextes scolaires », dans Emeutes urbaines et protestations, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 2006.

[23Déjà en 1995 (La nouvelle question sociale, op. cit.) dans sa préconisation du R.M.I., l’auteur avait à réfléchir sur l’effet d’aubaine que pouvait créer, pour l’entreprise, la possibilité de salarier l’exclusion aux frais de l’Etat-providence, ou toute mesure du même ordre. On peut penser qu’aujourd’hui ce type de mesure ne sert plus qu’à empêcher la révolte.

[24Jacques Donzelot remarque d’ailleurs que la question de la mixité urbaine ne semble prendre une grande urgence que lorsqu’elle devient un problème de police : lorsque la police semble hors d’état de gérer le problème et qu’on se demande comment le faire prendre en charge par le voisinage avec les classes moyennes.

[25Mais les deux précédents ouvrages sur la question de l’Etat-providence, comme celui-ci, refusent l’approche en termes d’antagonismes de classes.

[26La société des égaux, op. cit. p. 313-347.

[27Ibid. p. 329.

[28Ibid. p. 359-371.

[29Ibid. p. 375.

[30Ibid. p. 378.

[31Ibid. p. 379.

[32Ibid. p. 381.

[33Ibid. p 406.

[34Sur cette question cf. E. Préteceille, articlé cité.

[35La société des égaux, op. cit. p. 183 sq.

[36Ibid. p 20, note p. 296.

[37La nouvelle question sociale, op. cit. p. 126-127.

[38La société des égaux, op. cit. p. 366.

[39Ibid. p. 367.

[40La nouvelle question sociale, op. cit. p. 200 : « c’est à l’histoire individuelle, plus qu’à la sociologie, qu’il faut de plus en plus faire appel pour analyser le social ».

[41Ibid, p. 210 : « on perçoit bien (…) l’épuisement de la démarche sociologique traditionnelle ».

[42La société des égaux, op. cit. p. 306-311.

[43Lucien Jaume : « Ornières néolibérales », Le Monde, 2-9-11.

[44Lucien Jaume, ibidem.

[45La politique de discrimination positive à laquelle l’auteur est favorable suggère un horizon résolument étranger à la social-démocratie, comme le montre par exemple l’attaque contre Walter-Ben Michaels et d’autres p. 354 : dans La diversité contre l’égalité (Raisons d’agir, 2009) W.-B. Michaels critique la politique étatsunienne de discrimination positive pour lui préférer les mesures de redistribution entre classes de revenus qui devraient selon lui résoudre les vrais problèmes.

[46La crise de l’Etat-providence, op. cit. p. 38.