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Bulletin n°1 (1982) Déclaration d’intentions et sommaire

Texte publié le 17 avril 2020

Revivre l’étonnante histoire de La Revue du MAUSS

En 1981-82, quelques jeunes universitaires, surpris et alarmés par la généralisation du modèle économique à toutes les sciences sociales (tout, dans la vie sociale, était maintenant supposé résulter des calculs plus ou moins rationnels d’individus « mutuellement indifférents », i.e. égoïstes) décidèrent de créer une sorte de bulletin de liaison, totalement artisanal, pour s’opposer intellectuellement à cette dérive économiciste, dont allait résulter le triomphe du néolibéralisme. Tous partageaient la conviction que la ressource scientifique majeure à utiliser était l’Essai sur le don de Marcel Mauss (1925. C’est ainsi que parut en 1982 le premier numéro du Bulletin du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en science sociale) qui deviendra ensuite La Revue du MAUSS.
Sans un sou, sans aucune subvention, sans aucun soutien institutionnel, la Revue du MAUSS (qui concerne aussi bien l’anthropologie, la science économique, la philosophie politique, la sociologie, l’histoire, que la vie politique ou la vie ordinaire), au départ objet académique non identifié, allait devenir peu à peu une revue internationalement reconnue. Défendant ce qu’elle appelle, entre autres, « le paradigme du don », elle constitue désormais une Ecole de pensée reconnue dans la science sociale généraliste, en dialogue permanent avec d’autres courants importants, comme le pragmatisme, les théories du care ou de la reconnaissance, l’Ecole de Francfort, l’économie institutionnaliste etc.
Il nous a semblé qu’il pourrait être intéressant de faire revivre une partie de son histoire en publiant chaque semaine un ou deux articles particulièrement significatifs de chacun des numéros en commençant par le commencement, le n°1 du Bulletin du MAUSS (1982) et en suivant l’ordre chronologique

MOUVEMENT ANTI-UTILITARISTE EN SCIENCES SOCIALES

DÉCLARATION D’INTENTIONS

Les sociétés modernes se pensent avant tout comme des organismes économiques de production et d’échanges. Le rapport social y apparaît subordonné à une exigence de rationalité économique, c’est-à-dire ce qui serait une logique des intérêts bien compris et bien calculés. Cette logique serait, en son essence, naturelle et de tous les temps, comme serait naturel le désir d’échanger, d’entrer en rapport avec l’Autre, en cherchant à satis- faire au mieux un intérêt supposé matériel ou objectif. Comme les intérêts, individuels ou collectifs, sont réputés antagonistes par hypothèse, le seul moyen de les transcender et d’instaurer un ordre social rationnel est l’institution d’une norme d’équivalence abstraite, qu’incarnent au mieux les prix et la monnaie. Ceux-ci en retour, parce qu’ils instaurent aussitôt la quantification, rendent plus explicites et rationnels encore le calcul, par les agents économiques, de leurs intérêts profonds. L’État est l’agent et le garant de la rationalité, en tant qu’il se fonde sur l’affirmation de l’existence universelle d’intérêts particuliers, qu’il s’agisse d’intérêts individuels ou d’intérêts de classe. Les idées ou les valeurs enfin, ou, plus généralement, le symbolisme, ne sont que le masque ou la dénégation des intérêts objectifs, à moins qu’ils ne constituent de simples articles de consommation au même titre que les autres marchandises.
L’ensemble de ces thèmes constitue la véritable axiomatique des sociétés modernes, le sol commun sur lequel se retrouvent, par-delà les variantes et les hésitations de l’Histoire, aussi bien les sociétés socialistes que capitalistes, comme les sociétés du Tiers-Monde qui aspirent à y ressembler.
Assimilation à laquelle les organismes internationaux les encouragent d’ailleurs vigoureusement.
À ce processus il serait malséant d’objecter quelque chose si, effectivement, il n’était que l’actualisation d’un destin anthropologique, l’éclatement final de la vérité cachée de l’Histoire. Mais un doute surgit aussitôt. Si vérité il y a, elle est au minimum bien tardive. Après tout, comme le fait remarquer Karl Polanyi, seule la société moderne postule la légitimité absolue de l’enrichisse- ment monétaire, voire son caractère obligatoire. Doit-on alors penser que durant des millénaires l’humanité s’est purement et simplement égarée dans les brumes d’une idéologie irrationnelle, de nature anti monétaire ? N’y a-t-il pas, plutôt, dans le refus constant de laisser libre cours à l’échange marchand et à l’usage de la monnaie, une signification à analyser et qui remettrait en cause notre conception de la naturalité de la marchandise et de la monnaie ?

Les sciences sociales contemporaines, après des débuts prometteurs, semblent actuellement de peu de secours pour éclairer ce genre de questions. Elles paraissent avoir désormais largement renoncé à interpréter les sociétés modernes, c’est-à- dire à les situer et à les interroger dans leur spécificité historique, en pointant la rupture qu’elles initient avec l’ordre ancien du monde, pour se borner à les exprimer en redoublant, simplement, leur axiomatique dans l’ordre de la théorie.

Sans doute ce jugement global est-il trop hâtif et partial, et l’on concevrait d’ailleurs mal de pouvoir penser quelque chose du social en faisant l’économie de leur démarche. Il convient néanmoins de prendre clairement conscience des limites que celle-ci s’assigne. Justement parce qu’elles se veulent scientifiques sont calquées sur celles des sciences dites exactes, les sciences sociales s’enferment dans un champ de réflexion que balisent assez fermement trois postulats :

1. La connaissance scientifique de la vie en société exclut toute explication qui fasse référence à une efficace extra-sociale, à l’intervention d’une quelconque instance transcendante, que celle-ci prenne la forme des dieux ou de Dieu, de la Providence ou du Destin. Cette prise de position, incritiquable en son principe, a eu néanmoins pour effet d’assimiler l’image du réel social à la sphère des activités profanes ; Ou, à l’inverse, de rabattre du côté de l’idéologie ou du non pertinent le rapport que les hommes entretiennent à la question du sens de leur existence, aux valeurs et à l’éthique, toutes les questions sur lesquelles la science devrait ne rien dire sous peine de déchoir. Sans compter d’ailleurs, à l’inverse, l’irruption, sous l’égide des sciences sociales, d’une transcendance d’un type nouveau mais qui se masque à elle- même, celle, conjointe, de la Nature et de la Raison.
2. Comme les sciences exactes, les sciences humaines n’accéderaient à un statut épistémologique respectable qu’à travers la possibilité de la mesure. Une première forme de la mesure ne soulève pas grands problèmes, celle de l’enregistrement statistique des phénomènes sociaux massifs et objectifs. Ceux-ci resteraient toutefois inintelligibles, simple série hétéroclite de faits, si n’était analysée la logique de l’action sociale qui les produit. Il convient donc de se donner une représentation du sujet de l’action sociale. Mais de cette subjectivité, à son tour, il ne peut être rendu compte qu’à supposer qu’elle se déroule selon les canons de l’objectivité mesurable ; Le sujet sera donc le sujet d’un calcul rationnel, et la science l’explicitation de ses calculs et du résultat qu’engendre l’entrecroisement complexe des calculs particuliers.
3. Mais que calculent ces sujets rationnels ? À dire vrai on n’en sait trop rien. Tout ce que l’on peut dire c’est que s’ils cal- culent, ils recherchent un bénéfice. Ils ont « intérêt » à calculer et donc symétriquement, ce sont leurs intérêts qu’ils calculent, en fonction d’ailleurs de leur capital de ressources initiales. La métaphore de l’intérêt boucle la boucle et confirme la représentation d’un réel objectif, clos et saturé qu’avait introduite l’exclusion de la question du sens. L’axiomatique utilitariste, ou mieux, parce qu’elle est sous cette appellation plus aisé- ment généralisable, l’axiomatique de l’intérêt, constitue donc la langue de base et de travail commune à l’ensemble des sciences sociales. De cette axiomatique le calcul monétaire et comptable, celui que régit la logique de l’équivalence, offre l’illustration paradigmatique centrale.

Tout ceci est évident pour l’économie politique qui, dans son ensemble théorique, n’est rien d’autre que le développement, d’ailleurs largement redondant et tautologique, de cette axiomatique. Pour elle, il ne saurait exister d’autre échange que marchand et monétaire. Ou à la rigueur du troc, ce qui n’est jamais qu’un échange monétaire sans monnaie. Le marché est une institution, en son fond, éternelle et universelle à laquelle l’Histoire, simplement, donne plus ou moins de champ ou d’extension selon les périodes. Mieux, un certain nombre d’économistes semblent désormais tellement persuadés de la vérité anthropologique de l’axiomatique, qu’ils tentent de sortir du domaine qui leur était traditionnellement réservé et d’élaborer une analyse économique de l’ensemble de la vie sociale, des économies politiques du politique, de la famille, du crime, de l’amour, etc.
Ce en quoi ils sont rejoints par un nombre croissant de sociologues, ceux-là notamment qui entendent le plus faire œuvre de science. Il n’en a pas toujours été ainsi. La sociologie classique, celles des pères fondateurs de la sociologie, se nourrit d’une réflexion critique sur l’axiomatique utilitariste. Parce qu’ils étaient en train d’assister à son émergence pratique, ils ne pouvaient la tenir pour naturelle. Ils ne pouvaient pas non plus contourner les questions de choix éthiques et politiques à défaut desquelles les œuvres de Marx, Weber et Durkheim ne nous solliciteraient plus guère. Si elles nous parlent encore, c’est précisément dans la mesure où elles se refusent à considérer la structure des intérêts comme donnée de manière axiomatique et parce qu’au contraire, elles interrogent le mécanisme social et historique de leur institution. Ou encore parce que, pour elles, l’axiomatique monétaire, fonctionnelle et instrumentale ne va pas de soi.
Leur interrogation n’est malheureusement guère reprise par la grande majorité des historiens contemporains. Pour eux, comme les économistes, l’idée sinon de l’éternité au moins de l’extrême antiquité du marché, pensé selon les canons de la modernité, reste une manière de dogme. Seuls semble-t-il, les hellénistes ont su intégrer de manière féconde les questions soulevées par Karl Polanyi. Mais dans la plupart des autres domaines, les historiens paraissent persuadés que s’ils trouvent des traces de commerce, de prix et d’usage de la monnaie, ils se trouvent en présence d’un marché de type moderne, ou d’une « petite unité de production marchande », ou encore d’une forme ou une autre de précapitalisme. À ce compte-là on ne comprend pas pourquoi le capitalisme n’a pas triomphé deux millénaires plus tôt !

ET PLUS PRECISÉMENT

Ainsi se dessine un point aveugle, transversal par rapport aux diverses disciplines, spécialisées des sciences sociales. Est probablement impensable l’idée que puisse exister un échange non équivalent et qui, le cas, échéant, ne vise même pas à l’équivalence, autrement qu’en raison d’une erreur de calcul d’un des échangistes ou d’une manifestation de force perturbatrice. Impensable que les Hommes n’aient pas toujours été régis par une norme abstraite d’équivalence, celle qu’incarne désormais la monnaie, et dont le troc, échange donnant-donnant, aurait été la préfiguration archaïque. Impensable que les Hommes n’aient pas, de tous temps, recherché la satisfaction d’intérêts « matériels », « objectifs ». Impensable encore qu’ils aient pu, autrement que par infantilisme ou irrationalité, sacrifier leurs intérêts à leurs passions ou à leurs dieux. Impensable, en un mot, que le marché n’ait pas toujours existé, fût-ce sous une forme embryonnaire. Impensable l’Histoire donc.

Et lorsqu’on parle d’impensable, il faut l’entendre au sens fort du terme. Il ne s’agit pas ici en effet, d’opposer un quel- conque mysticisme du non-marchand ou du non-monétaire aux formes plus marquantes de la modernité. Il s’agit, bien plutôt, de renouer avec une interrogation, largement perdue, de celle-ci, interrogation qui suppose, au minimum, une mise en perspective avec d’autres formes historiques d’organisation sociale, et qui ne suppose pas, d’entrée de jeu, que la société moderne a exprimé le tout de leur vérité profonde : Mais, ces civilisations autres, comment les questionner pour nous penser nous-mêmes en retour ? C’est là que gît précisément « l’impensabilité ». L’axiomatique de l’intérêt est, par nature irréfutable, infalsifiable selon les épistémologues modernes. Aussi ne faut-il pas s’étonner que les tentatives qui ont amorcé une mise en doute de son universalité aient largement avorté.

Qui lit véritablement Marcel Mauss aujourd’hui, autre- ment que pour lui tirer une révérence polie ? Ou plutôt, qui en tire les conséquences pour essayer d’aller plus loin sur la voie ouverte par « l’Essai sur le Don » ? Ouverture d’ailleurs timide, car Mauss, par moments, ne peut se défendre de réintroduire l’axiomatique utilitariste, comme pour se persuader lui-même qu’il ne déraisonne pas.

B. Malinowski présente un autre cas étrange d’ambivalence. Utilitariste, et même de l’espèce la plus naïvement dogmatique, il l’est indubitablement dans sa Théorie scientifique de la culture. Et pourtant, de tous les anthropologues, c’est peut-être lui qui notamment dans les « Argonautes du Pacifique », va le plus loin dans la critique des postulats économiques. Quant à Karl Polanyi, pour arrêter là la liste et en rester aux trois grands noms en la matière, il est à peine traduit en France, guère lu et moins encore discuté au fond. Et il semblerait qu’aux États-Unis et en Grande-Bretagne, le champ des questions qu’il avait su ouvrir soit en passe de se refermer.

OBJECTIFS DU MOUVEMENT

Par rapport à cet état de fait, que se propose le M.A.U.S.S. ? Avant tout de relancer ou de lancer une discussion et une information scientifiques sur la question des dimensions non marchandes et non monétaires de l’échange. Il ne s’agit pas, on l’a dit, d’opposer l’axiomatique de l’intérêt à une manière de spiritualisme du désintéressement, de la gratuité ou de l’action non finalisée, mais de lui poser la question de ses limites précises de légitimité, tant actuelles que passées, méthodologiques qu’anthropologiques. Pour cela il importe, semble-t-il, de rouvrir le débat qu’avaient ouvert notamment Mauss, Malinowski et Polanyi, en l’enrichissant bien-sûr, de l’ensemble des informations et analyses récentes, et en l’élargissant par la mise en lumière de toutes les implications qu’il est susceptible de revêtir. Il est difficile de circonscrire le champ de discussion qui s’esquisse ainsi puisqu’il concerne, a priori, aussi bien les anthropologues que les sociologues, les historiens que les économistes ou les philosophes. L’objectif, ambitieux, qui les réunirait ici étant au fond, de rechercher les bases possibles d’une anthropologie qui, pour le moins, ne prendrait pas un appui exclusif sur l’axiomatique de l’intérêt. Du coup, si le débat se veut d’abord scientifique, il est clair qu’il ne saurait pour autant esquiver ses composantes éthiques, idéologiques et politiques. Que le problème ainsi soulevé ne soit pas seulement académique, c’est ce qui saute aux yeux si l’on remarque qu’il est immédiate- ment celui des finalités et des modalités de la croissance économique, celle des pays du Tiers-Monde comme celle des sociétés industrialisées.
On ne voit guère en effet dans les pays « développés », quelle marge de jeu et de choix politique ou idéologique reste véritablement ouverte si, en tout état de cause, l’ensemble des parties prenantes au débat s’accordent sur l’inéluctabilité d’une mercantilisation et d’une quantification croissantes du rapport social, que ce soit selon sa modalité libérale ou selon sa variante administrative. Si les sciences sociales tirent désormais si peu à conséquence dans la vie politique, n’est-ce pas parce qu’elles aussi se refusent à interroger le sens de cette inéluctabilité ? Faire surgir et approfondir ces questions largement oubliées, sous la forme du débat scientifique, mais sans esquiver les implications politiques et idéologiques (sur lesquelles, bien-sûr, on ne s’attend
pas à un consensus, pas plus d’ailleurs que sur la discussion scientifique), voilà donc l’objectif premier du M.A.U.S.S.
Si la création d’un tel mouvement s’avère nécessaire, c’est parce qu’à l’évidence ces questions ne sont pas susceptibles d’être agitées de manière fructueuse dans le cadre d’une seule discipline. Et de surcroît tout chercheur qu’elles intéressent a dû faire par lui-même l’expérience qu’il avait peu de chances, sur ce terrain, de se faire entendre de ses collègues et encore moins de nouer avec eux une discussion réelle un tant soit peu informée. Pour des raisons analogues, celles qui tiennent au faible nombre et à l’isolement relatif de ceux qui travaillent dans ce domaine ou qui, simplement aimeraient en savoir plus, il apparaît souhaitable de donner d’emblée au M.A.U.S.S. une dimension internationale, seule à même de faire circuler une information suffisante et d’éviter la répétition de débats d’intérêt uniquement national et conjoncturel.

MODALITÉS PRATIQUES

Le M.A.U.S.S. est ouvert, bien sûr, à toute personne qui le désire.
Comme ses membres sont géographiquement et disciplinairement dispersés et comme sa motivation première est la circulation d’informations et l’ouverture de discussions et d’analyses, son principal mode d’existence est l’écrit. Celui-ci toutefois s’avère aussi coûteux qu’indispensable. Et d’autant plus coûteux qu’il n’y a pas lieu d’escompter a priori un succès commercial… Cependant le M.A.U.S.S. ne saurait non plus fonctionner en vase clos. Il doit donc faire connaître les thèses et analyses qui lui semblent suffisamment mûries et questionnantes pour concerner un public plus vaste. S’il ne s’interdit pas nécessairement de recevoir de problématiques subventions, il lui faut, en tout état de cause, pouvoir compter ses propres forces et assurer l’autofinancement de ses publications. Toutes ces considérations amènent à distinguer une double logique de fonctionnement, une logique en quelque sorte ésotérique et une logique exotérique.

I. FONCTIONNEMENT ÉSOTÉRIQUE

a) Le Bulletin du MAUSS :

Le bulletin qui, tout en cherchant une lisibilité minimale est tenu de se présenter de la manière la plus économique possible, veut faire circuler les articles, notes de lecture, informations,papiers d’humeurs, etc. susceptibles d’alimenter la discussion ou d’enrichir l’information des membres du MAUSS. Quoique la chose ne soit pas inenvisageable il n’a pas vocation à être vendu. Son débouché naturel, outre le plaisir intrinsèque de sa lecture, est de susciter des discussions dans le cadre de réunions, de préparer le colloque, et de donner un premier aperçu de la revue. Rien n’empêche la reproduction, in extenso ou partielle, d’articles parus ailleurs. Une des raisons d’être du MAUSS est en effet de faire rentrer dans le cercle de la discussion des textes oubliés ou négligés. Il est clair toutefois que quelque modeste qu’on se voit contraint de souhaiter la présentation, les contrainte financières sont là incontournables. La seule solution est d’accorder une confiance minimale au comité de rédaction. Il est prévu la parution de trois (ou quatre) numéros assez substantiels, de 100 à 150 pages chaque année, sans compter des notes informatives éventuelles sur la vie du MAUSS.

b) Les rencontres :

Par la force des choses, elles ne peuvent avoir lieu que sur une base régionale. Comme le MAUSS n’est pas une machine bureaucratique, il ne saurait préjuger des thèmes de discussion. Son rôle est de faire connaître les suggestions de ses membres en la matière et de contribuer à l’organisation matérielle. Il semble- rait que ces rencontres (indépendamment des groupes de travail que tout un chacun est susceptible de constituer) devraient obéir à deux soucis :

II. FONCTIONNEMENT EXOTÉRIQUE

a) Le colloque : qui aura lieu chaque année (ou au minimum tous les deux ans) est à la croisée de la vie ésotérique et exotérique de l’Association. Il permet de faire le point sur les discussions amorcées au sein de l’Association et d’inviter des participants extérieurs. Par ailleurs, comme le bulletin et les réunions, il est l’occasion d’écrire et de faire discuter des textes destinés à la revue. Pour les membres du MAUSS, une assemblée générale suivra, tous les deux ans, la tenue du colloque. Le premier colloque pourra avoir lieu aux alentours de l’été 1982.

b) La revue : Le MAUSS se condamnerait vite à la stérilité s’il se repliait sur lui-même et se cantonnait au simple aménagement de son fonctionnement et de sa vie interne. Comme le pré-supposé de départ est que les enjeux théoriques et idéologiques qui le déterminent sont à la fois réels et importants, il convient qu’il rende le débat public. Pour ce faire il semble que le moyen le plus adéquat soit la publication d’une revue. Celle-ci n’exprime pas le point de vue du MAUSS., d’ailleurs inexistant ou indéfini puisque le MAUSS n’est pas le détenteur d’aucun dogme ou doctrine, mais simplement l’instrument d’une réflexion. Pour cette raison la revue ne doit pas s’interdire de susciter des contributions d’auteurs qui ne sont pas membres. Comme le bulletin, la revue est sous la responsabilité du comité de rédaction. Contrainte de s’autofinancer, la revue ne peut compter y parvenir que par la qualité de sa présentation et de son propos. La formule la plus viable parait être celle d’un numéro annuel.

III. L’ORGANISATION

a) L’administration quoique soucieux de limiter au maxi- mum la dimension administrative formelle, les premiers adhérents n’ont pas pu échapper à l’obligation de se constituer en association, dont l’organe souverain est l’assemblée générale qui se réunit au moins tous les deux ans (Voir les Statuts).

b) Le comité de rédaction : La confection du bulletin comme la parution de la revue impliquent des choix et une relative continuité. La solution la moins arbitraire, en attendant la tenue d’une assemblée générale, semble être de poser que le comité de rédaction, qui fera également office de conseil d’administration, est composé des membres fondateurs, sans que cela lui interdise de s’élargir.

c) Envoi de textes : Le MAUSS n’a de raison d’être que s’il s’avère en mesure de susciter des débats et des contributions ÉCRITS DE SES MEMBRES. Les textes sont à envoyer à :
Gérald BERTHOUD, 18, avenue de MIREMONT, 1206 Genève, SUISSE.
Alain CAILLÉ, 10, rue Pouchet, 75017 Paris, FRANCE. Tél. 229 04 55
Jean Claude LAVIGNE, 3, allée de la Gravière, 69130 Sainte Foy les Lyon.

d) La cotisation : La cotisation a été fixée à un montant assez élevé.
Le MAUSS en effet ne se contente pas, comme nombre d’associations de diffuser quelques pages annuelles relative à la vie de l’association mais assure la publication d’un bulletin ; si celui-ci doit être à la fois assez substantiel (100-150 pages peut-être) quant au volume et riche quant au contenu, les frais s’annoncent d’entrée de jeu, considérables. Par ailleurs les membres du MAUSS ne sont pas de simples consommateurs. Leur adhésion implique et n’a de sens que parce qu’ils espèrent voir naître un débat qui n’existe encore que de manière larvée, hésitante, et parce qu’ils ont l’intention d’y prendre part. La cotisation garantit, outre la qualité de membre, la réception du bulletin (Trimestriel).

PREMIERS MEMBRES : Gérald Berthoud (U. de Lausanne), Alain Caillé (U. de Caen), Annie Cot (Paris I), Denis Duclos (CNRS, Paris), Roger Frydman (U. de Poitiers), Jérôme Lallement (Paris I), Jean Claude Lavigne (U. de Lyon, Économie et Humanisme), Louis Moreau de Bellaing (U. de Caen), Henri Stern (CNRS, Paris).

Ces premiers membres ne sont pas nécessairement d’accord sur telle ou telle partie de ce texte ou même sur son ensemble (rédigé par Alain Caillé), mais ils pensent ou ils espèrent que le champ des discussions ainsi ouvert et esquissé est susceptible d’être fécond.

TABLE DES MATIÈRES

En guise d’éditorial

Déclaration d’intention du MAUSS

Altérité et Développement (G. Berthoud)

Sous Prolétaires, Echange Social et Echange non-Marchand (L. Moreau de Bellaing)

D’UN AUTEUR À L’AUTRE

L’Homme Souterrain (F.M. Dostoievski)

Monnaie et Monnaies. Dossier constitué par P. Taieb

L’Echange contre le Marché (A. Caillé)

La Frontière du Capital (A. Cot et B. Lautier)

Théories du Désir et Rationalité Economique (D. Duclos)

La vie du MAUSS

En vue d’un premier colloque (A. Caillé)
Quelques Thèmes de réflexion (R. Arvanitis)
Statuts de l’Association
Formulaire d’adhésion

Avis aux lecteurs : la présente réédition numérique s’est efforcée de reproduire fidèlement la pagination de l’édition originale, avec ses éventuelles erreurs (ici, des pages paires placées à droite après la page 47) (Ndlr).

NOTES