Revue du Mauss permanente (https://www.journaldumauss.net)

Stéphane Breton

Entretien avec François Galichet

Texte publié le 30 avril 2025

« En devenant philosophique, la démarche psychothérapeutique cesse de relever du seul domaine médical…. Elle cesse d’opposer le « normal » (qui n’en aurait pas besoin) et le pathologique »

1. Dans le cadre de la relation thérapeutique, la question du sens de la vie est souvent posée : le sens de ce que nous vivons, de ce que nous projetons de vivre, de ce que nous n’acceptons pas ou plus au quotidien. Comment cette question structurante peut être éclairée par une approche philosophique ? Et, soutenir la démarche psychothérapeutique ?

La philosophie a depuis toujours prétendu répondre à la question du sens de la vie. Elle est en concurrence avec les religions, qui ont aussi cette prétention. N’oublions pas que Socrate a été accusé d’impiété parce qu’il voulait aborder les problèmes fondamentaux de l’existence (Qu’est-ce qui est juste ? Qu’est ce que la sagesse ? La vertu ? Etc.) sans recourir aux croyances dominantes à son époque. Ce qui caractérise la philosophie, c’est que pour elle le sens de la vie doit être construit, alors que pour les religions il est donné (par les textes sacrés, par une Révélation). Il n’est pas reçu, mais élaboré par une démarche active de réflexion et de clarification personnelle.

C’est là un point fondamental. Un sens reçu passivement pose toujours la question de sa légitimité : il faut croire que la Révélation dont on le tire est valide ; autrement dit il faut avoir la foi, ce qui n’est pas donné à tout le monde. On peut toujours poser la question de sa contingence : pourquoi ce prophète plutôt qu’un autre ? à ce moment de l’histoire plutôt qu’un autre ? Autrement dit, le sens religieux est auto-justificateur : il est contenu dans la révélation même. Le sens qu’il affirme s’impose arbitrairement, ce qui contredit la notion même de sens, exigeant d’être universel et incontestable. Il y a dans le sens proposé par les religions une contradiction qu’elles ne parviennent jamais à surmonter ; elle explique la violence et l’intolérance dont elles font souvent preuve.

En revanche le sens recherché par la philosophie ne s’atteint qu’au terme d’un travail long et laborieux de conceptualisation, problématisation, argumentation. Il vise à convaincre et non à persuader. Au terme de ce travail dont le philosophe n’est jamais que l’initiateur et l’incitateur, chacun accède à un sens qui ne prétend jamais être complet ou parfait. Le sens de la vie se confond alors avec ma vie même : vivre, c’est chercher et construire un sens.

On pourrait presque dire qu’avec la philosophie le sens se prend lui-même pour objet. La question primordiale n’est plus : « Quel est le sens de la vie ? » mais : « Pourquoi est-ce que je cherche un sens à la vie ? », ce qui n’est pas la même chose. Qu’on définisse l’homme par la pensée, comme Descartes, ou par la liberté, comme Kant, il s’agit toujours de comprendre ce qui me distingue des êtres qui vivent sans s’interroger sur le sens de leur existence : les choses, les plantes, les animaux.

C’est là un changement capital pour la démarche psychothérapeutique. Le malaise ou la dépression psychique se caractérisent par une « perte de sens » : ce qui allait de soi ne l’est plus ; les valeurs qui semblaient incontestables (l’amour, le travail, la reconnaissance des proches) ne valent plus. Aucune proposition et encore moins imposition d’un sens tout fait, « clé en main » - fût-ce par la voie médicamenteuse - ne saurait résoudre le problème. Celui qui vit une telle situation éprouve d’abord le besoin de se réapproprier la maîtrise de sa vie, c’est-à-dire de construire ou reconstruire le sens qu’elle a pour lui. Cette démarche ressemble beaucoup à celle de la philosophie.

En devenant philosophique, la démarche psychothérapeutique cesse de relever du seul domaine médical, caractérisé par une position en surplomb du médecin ou du soignant. Elle cesse d’opposer le « normal » (qui n’en aurait pas besoin) et le pathologique. Dans l’accompagnement que je faisais de personnes souhaitant une aide à mourir, je ne me disais pas qu’elles étaient « en fin de vie » et qu’elles avaient besoin de soins, fussent-ils « palliatifs ». Elles et moi étions des adultes responsables, en relation d’égalité, réfléchissant ensemble à ce qui était le meilleur par rapport à leur situation, c’est-à-dire ce qui « faisait sens » dans ces circonstances. Cela change complètement le statut de l’accompagnement.

2. Votre expérience de la fin de vie, de la mort a nourri une « clinique philosophique » engagée. Pouvez-vous nous préciser votre approche et souligner les grandes lignes qui se dégagent de vos travaux ?

La « clinique philosophique » dont vous parlez est d’abord issue d’une exigence éthique. Les personnes qui s’adressaient à nous, accompagnants d’Ultime Liberté [1], étaient dans une situation de détresse physique ou psychologique qui imposait de répondre à leur demande.

C’est pourquoi notre approche est essentiellement régie par des critères éthiques. A Ultime Liberté, nous avons une « charte de l’accompagnement », que tout accompagnant s’engage à respecter. Elle repose sur quatre principes :

Cependant, le problème se pose souvent de savoir s’il convient d’associer les proches de la personne à cette réflexion commune. Certain(e)s, on l’a dit, le font spontanément. D’autres viennent après que les premières rencontres ont fait émerger l’opportunité, voire la nécessité de leur présence. L’accompagnement que nous pratiquons oscille donc sans cesse entre un accompagnement individuel et un accompagnement collectif, dans lequel la personne demandeuse joue le rôle de médiatrice, puisqu’elle est à la charnière de sa constellation familiale propre et du groupe qu’elle forme avec le binôme délégué par l’association.

Personnellement il m’est arrivé plusieurs fois, après quelques rencontres, d’être invité à un repas chez la personne demandeuse, où je retrouvais ses proches – conjoint(e), enfant(s), ami(e)s. C’était l’occasion de poursuivre dans un cadre plus convivial la réflexion entamée dans un cadre initial plus strict. C’est là une très grande différence avec la démarche thérapeutique au sens strict.

3. La question du vieillissement somato-psychique des patients, de ses représentations sociales et individuelles, est un défi pour les soignants. Quel regard portez-vous sur ce sujet ?

La vieillesse a toujours intéressé les philosophes. Platon, Montaigne, Descartes, Rousseau, Kant, ont écrit sur la vieillesse. Simone de Beauvoir lui a consacré un ouvrage magistral. C’est un phénomène qui pose problème parce qu’il est fondamentalement ambigu. On peut en effet le considérer :

Ces trois attitudes cohabitent le plus souvent chez les personnes âgées. Elles oscillent de l’une à l’autre selon les moments et les circonstances.

Pour les psychothérapeutes, cette analyse oblige à dépasser les explications purement pathologiques de phénomènes comme le suicide des vieillards, qu’on attribue communément à la dépression. Les recherches récentes [2] montrent que cette explication est fausse : les épisodes dépressifs diminuent avec l’âge. La volonté de mourir n’est donc pas une maladie qu’il faudrait à tout prix soigner, ou comme l’affirment certains, qui disparaîtrait dès lors que la personne serait entourée, choyée, accompagnée.

Il y a un « acharnement palliatif » [3] qui est aussi nocif et pervers que l’acharnement thérapeutique dénoncé à juste titre.

Ici encore, c’est seulement en privilégiant une approche philosophique de la vieillesse qu’on peut comprendre comment la réflexion de chacun peut évoluer au fil des années, en fonction de critères et de valeurs qui relèvent de la pensée et non de l’affect. Estimer que les personnes âgées ont essentiellement besoin de tendresse, de chaleur humaine, d’attention ou de prévenance plutôt que d’une capacité à réfléchir lucidement et de manière responsable sur leur situation, c’est les rabaisser, les mépriser, et à la limite les maltraiter.

Dans les accompagnements que j’ai effectués, l’approche réflexive n’empêchait pas, bien au contraire, l’amitié et l’émotion ; mais celles-ci ne se fondaient pas sur des a priori dogmatiques comme la valeur sacrée de la vie ou l’acceptation inconditionnelle des faiblesses et fragilités inhérentes au vieillissement.

4. Avec quels philosophes anciens ou contemporains, selon vous, les professionnels du soin psychique pourraient dialoguer et nourrir ainsi leur clinique ?

On trouve, tout au long de l’histoire de la philosophie, des manières différentes, voire opposées de penser la vieillesse.

La philosophie antique valorise la vieillesse comme un état qui a en soi de la valeur. La « défense de la vieillesse » que Cicéron met dans la bouche de Caton l’Ancien réfute l’une après l’autre « tous les motifs qui font redouter la vieillesse », c’est-à-dire les prétendues pertes ou diminutions qu’elle occasionnerait. A chaque fois, le ressort argumentatif est le même : il s’agit de montrer que la perte apparente est en réalité un gain ; ce qu’on prend pour du négatif est en réalité du positif. Ainsi « la vieillesse nous interdit les affaires » ? Sans doute, mais « quelles affaires ? » [4]. Ce ne sont que les affaires subalternes, celles qui ne demandent « que la force de la jeunesse ». « Que le vieillard ne fasse pas ce que font les jeunes gens, soit ; mais ce qu’il fait est bien plus important et meilleur » : car il agit non « par les brusques saillies et l’agilité des corps », mais « par la prudence, l’autorité, les bons avis ; et loin de perdre ces avantages, la vieillesse les accroît ».

A l’opposé, Montaigne a une vision de la vieillesse purement négative. Il se refuse à « ficeler à tout prix la queue d’un philosophe à la tête et au corps d’un homme sur sa fin ». La vieillesse est « une redoutable maladie, qui se répand en nous naturellement et imperceptiblement ». Il faut se battre contre « les imperfections dont elle nous accable  [5] ».

Descartes reprend cette appréciation négative, mais la vieillesse n’est pas une fatalité. C’est ce qui est affirmé dès le Discours de la méthode  : « On se pourrait exempter d’une infinité de maladies tant du corps que de l’esprit, et peut-être même de l’affaiblissement de la vieillesse, si on avait assez de connaissances de leurs causes et de tous les remèdes dont la nature nous a pourvus ». [6]

La réflexion de Kant est intéressante par son ambivalence. D’un côté il semble se rallier à la position de Cicéron : l’âge veut être regardé comme quelque chose de méritoire, car on lui accorde de la considération ». [7] Mais un examen plus attentif montre que ce mérite n’est pas dû à l’âge. La vieillesse n’apporte rien de spécifique, elle n’est la cause de rien ; elle fait seulement ressortir la vertu de celui qui, depuis toujours, a vécu selon la loi du devoir. La vieillesse met en évidence le mérite moral, mais contrairement à la thèse de Sénèque et de Cicéron, elle ne le favorise pas.

On voit ainsi se dessiner le double statut de la vieillesse dont j’ai déjà parlé. D’un côté, elle est un phénomène empirique, accidentel et circonstanciel, qu’on peut atténuer ou retarder par des mesures adéquates ; d’un autre côté, elle est un phénomène transcendantal, révélant notre finitude et le caractère fondamental de « l’être pour la mort » qui constitue, selon Heidegger, l’essence de l’homme. Toute la philosophie peut être considérée comme une méditation sur cette polysémie indépassable.

Pour les professionnels du soin psychique ayant particulièrement affaire aux personnes âgées, c’est une source de réflexion qui ne peut que rejaillir dans leur pratique quotidienne. Il ne s’agit pas, bien entendu, de donner des « cours de philosophie » ou des « leçons de sagesse » à ceux qu’ils prennent en charge. Mais discuter ensemble un texte de Sénèque, Cicéron ou Montaigne peut être l’occasion d’éclairer et d’expliciter le vécu quotidien lié à l’âge. J’en ai fait personnellement l’expérience en animant de nombreux « ateliers pour seniors » à la demande d’une mutuelle de santé. Plusieurs d’entre eux ont débouché sur des pratiques d’écriture par lesquelles les participants prolongeaient ou contestaient, en produisant un texte réflexif personnel, la pensée des philosophes dont nous avions discuté.

5. Du point de vue du philosophe que vous êtes : quels sont les enjeux (éthiques, sociaux, anthropologiques, politiques…) incontournables de l’accompagnement psychothérapeutique de demain ?

Les accompagnements psychothérapeutiques d’aujourd’hui ont pour la plupart certaines caractéristiques communes qu’on peut résumer ainsi :

1°) Ils sont duels, c’est-à-dire qu’ils s’effectuent sous la forme d’une relation entre deux individus – le psychiatre ou le psychologue et le patient, le soignant et le soigné. C’est la matrice de ce qu’on appelle couramment le « colloque singulier » du médecin et du malade.

C’est seulement à l’hôpital qu’une certaine collégialité est instaurée, mais elle reste très limitée. Pour les personnes âgées, même dans les Ehpad, le suivi est souvent individuel ; il existe très peu d’accompagnements psychothérapeutiques de groupes, alors que pour les activités culturelles, artistiques ou psychomotrices, on travaille en ateliers.

2°) Ils sont professionnels, c’est-à-dire qu’ils mettent en face à face un soignant, qui est aussi un « sachant », et un patient supposé ignorant la causalité de ses propres troubles. En psychanalyse, le thérapeute, qui pourtant garde le silence, est supposé capable de déchiffrer ce qui est méconnu de son patient, et de le lui faire découvrir par des interventions brèves. La série « En thérapie », sur Arte, l’illustre fort bien.

La théorie du « care », qui prétend contester ce modèle, en relève encore. Car la notion de soin implique par principe un soignant et un soigné. Même si cette relation est réversible, elle est tendanciellement structurée en un pôle actif (celui ou celle qui dispense les soins) et un pôle passif (celui ou celle qui les reçoit).

3°) Ils sont ponctuels, ce qui signifie qu’ils s’exercent par rapport à un trouble conjoncturel, supposé limité dans la durée. On vient consulter un psychothérapeute quand on se sent dans une situation de « crise » ou de « stress » imposant un suivi ; on cesse de le voir quand on se sent « mieux », ce qui est l’équivalent de la guérison dans la médecine des maladies corporelles.

4°) Ils sont enfin sectoriels, car ils portent essentiellement, sinon exclusivement, sur les difficultés affectives des personnes : sentiments de stress ou d’angoisse, dépression, conflits avec un ou des proches, obsessions, etc. On parle de « troubles psychiques » comme s’il s’agissait d’une catégorie nosologique aussi déterminée que celle des pathologies cancéreuses ou respiratoires. Le thérapeute ne se permet pas d’interroger les croyances religieuses ou philosophiques de son patient, ni ses convictions politiques, morales, sociales – sauf si elles sont en relation évidente avec ses troubles.

Les accompagnements que nous avons menés dans le cadre d’Ultime Liberté rompent d’une manière radicale avec ce modèle. En particulier :

a) Ils remettent en cause le « colloque singulier » de l’accompagnant et de l’accompagné. Comme je l’ai dit plus haut, la règle du binôme de notre charte nous impose un colloque minimal de trois personnes, et souvent davantage. A cela s’ajoute que nous demandons à toute personne qui nous demande une aide d’adhérer à l’association, afin de bien marquer son accord avec ses objectifs affichés. Ceci la conduit à participer aux réunions, tables-rondes, ateliers qu’elle organise ; et du coup la distinction entre l’accompagnement propre dont elle bénéficie et sa participation à la vie et à la réflexion associative deviennent souvent indissociables. A la limite, des personnes initialement demandeuses d’un accompagnement sont devenues elles-mêmes, au bout de quelques années, accompagnatrices.

b) Tous nos accompagnements sont bénévoles. Cela signifie que nous ne sommes pas et que nous ne prétendons pas être des professionnels. Mais pour autant, nous ne cessons de nous former, soit entre nous (par des séances régulières de « debriefing » ou d’analyses de pratiques) soit en recourant à l’intervention ponctuelle de spécialistes du vieillissement (psychologues, psychiatres, sociologues, etc.). La dénivellation accompagnant/accompagné est donc, sinon abolie, du moins réduite à son minimum.

c) Les accompagnements que nous faisons peuvent durer quelques semaines (dans les cas urgents et extrêmes où une solution s’impose rapidement). Mais la plupart durent plusieurs mois, voire plusieurs années. Bien des personnes qui ont contacté l’association pour des raisons pressantes diffèrent l’instant de prendre une décision ; le seul fait de participer aux réunions et rencontres régulières finit par leur permettre de se passer d’un accompagnement personnalisé. La distinction entre périodes de crise et continuité de la vie tend ainsi à s’effacer. Dans certains cas les rencontres deviennent très espacées, mais peuvent reprendre à une fréquence plus soutenue si nécessaire.
Le cadre associatif permet ainsi une permanence et une souplesse de l’accompagnement qui ne seraient pas possibles dans un cadre plus institutionnel et professionnel.

d) Enfin, notre accompagnement est global. Dans les conversations que nous avons lors de nos rencontres, nous ne nous posons pas la question de savoir si nous sommes dans une aide « psychique » ou dans une discussion générale à caractère philosophique ou politique. Il n’y a aucune limite, aucune restriction aux échanges, parce que le plus souvent ils sont liés à une relation d’amitié qui s’est nouée entre des personnes qui s’invitent à déjeuner, font des randonnées ensemble, partagent des joies culturelles ou sportives.

Du coup les enjeux de l’accompagnement psychothérapique sont l’objet de questionnements :

François Galichet est ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm). Professeur honoraire à l’Université de Strasbourg (philosophie). Auteur de :

Mourir délibérément, Pour une sortie réfléchie de la vie, Presses universitaires de Strasbourg, 2014

Vieillir en philosophe, Odile Jacob, 2015

Philosopher à tout âge, Vrin, 2019

Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? Odile Jacob, 2020

Stéphane Breton est hypnothérapeute, auteur d’articles sur l’hypnose, les psychothérapies existentielles, le lien entre corps et langage, le rapport entre le normal et le pathologique. Il a publié, Penser le silence (Aube, 2022), Pourquoi a-t-on besoin de donner un sens à sa vie ?(Aube, 2024).

https://www.google.com/url?sa=t&amp...

NOTES

[1« Ultime Liberté » est une association fondée en 2009 pour venir en aide aux personnes souhaitant être accompagnées en fin de vie, ce que ne faisait pas l’ADMD. Elle a d’abord orienté ceux et celles qui souhaitaient avoir la liberté de mourir vers la Suisse et la Belgique. Mais devant le prix et la difficulté de cette solution, elle a aussi donné des informations permettant de se procurer le produit létal (pentobarbital) par Internet. Cette information a valu à 10 responsables de l’association d’être mis en examen en 2021, non pour assistance au suicide (qui n’est pas un délit), mais uniquement pour « complicité d’importation illicite de substance, plante, préparation ou médicament inscrit sur les listes I et II ou classée comme psychotrope ». A ce jour (10/01/2023) cette mise en examen n’a débouché sur aucun procès.

[2Cf. F.Balard, I.Voléry, E.Fornezzo, La construction du suicide des personnes âgées comme problème public, in Gérontologie et Société, Finir sa vie, hâter sa mort au grand âge, n° 163, vol. 42/2020, p. 187-200.

[3Cette expression vise à qualifier la tendance de certains accompagnants en soins palliatifs à estimer que toute détresse peut être soulagée à la fois par des soins médicamenteux (antalgiques, etc.) et par une attitude d’empathie et de bienveillance qui ferait disparaître toute demande d’aide à mourir. D’où parfois des comportements de prévenance extrême auprès des malades, afin de les assurer qu’on les « aime », qu’on est « avec eux », qu’on les « comprend ». Cette idéologie a très bien été analysée par Yannis Papadaniel dans son ouvrage La mort à côté (Anacharsis, 2013). Il observe que « le secteur de l’accompagnement en fin de vie s’inscrit dans un champ qui, historiquement, a été largement investi par la religion ». Cela peut conduire à passer outre le refus exprimé par des patients de tout accompagnement palliatif, sous prétexte que « ce qui est valable le matin ne l’est pas l’après-midi », « qu’un non peut dire oui » et que « le partage ne passe pas forcément par des mots » (P. 96-97).

[4Cicéron, De la vieillesse, § 6.

[5Montaigne, Essais, livre III, chap. 2.

[6Descartes, Discours de la méthode, 6e partie, § 2. C’est nous qui soulignons.

[7Kant, Le conflit des facultés, 3e section, trad. Gibelin, Vrin, 1955, p. 116. C’est Kant qui souligne.