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Philippe Chanial / La délicate essence du socialisme

Texte publié le 30 janvier 2010

La Délicate essence du socialisme | Philippe Chanial
300 pages | 978-2-35687-051-3
22 € TTC
Collection « Les voies du politique »

Faut-il en finir avec le « vieux socialisme » ? [1] La gauche n’a-t-elle d’autre horizon qu’une nouvelle synthèse, « libérale-sociale », seule capable de faire face à la menace « nationale-populiste » ? Certes, il ne fait guère de doute que le socialisme est totalement périmé si on le réduit à ses slogans traditionnels : plein développement des forces productives ; collectivisation générale des moyens de production, direction planifiée du système économique ; abolition du salariat, etc. Mais est-ce là « la délicate essence du socialisme », tel que le défendaient notamment Saint-Simon, Fourier, Pierre Leroux puis Benoît Malon, Jean Jaurès, Marcel Mauss ou Eugène Fournière ?

Cet ouvrage se propose de réactualiser cette tradition politique aujourd’hui oubliée et sa sensibilité si singulière. De rappeler toute la force de sa critique morale du capitalisme, si nécessaire aujourd’hui, son refus de réduire l’homme à un animal économique et l’économie au marché. Mais aussi de réhabiliter, contre le seul matérialisme issu de Marx, un certain « idéalisme historique ». Plus encore, ce livre invite à redécouvrir combien la fascination pour l’Etat est étrangère à son inspiration la plus profonde. Economie solidaire, démocratie participative, ces expériences contemporaines sont à l’évidence les héritières de ce socialisme de l’association, résolument pluraliste et expérimental, pour qui la République s’identifiait ultimement à l’ « autogouvernement des citoyens associés ».

Socialisme moral, socialisme associationniste, mais aussi socialisme individualiste. Car son idéal n’était pas « la pâtée servie à tous par la mère Collectivité », mais au contraire l’émancipation de l’individu par la coopération, la réciprocité et l’échange. D’où sa passion pour l’égalité qui ne saurait se limiter, comme aujourd’hui, à doter les individus d’armes et de chances égales dans la concurrence économique. Et son invitation à faire tout autrement République.

Philippe Chanial est maître de conférences en sociologie et directeur du CERSO (Université Paris-Dauphine). Secrétaire de la Revue du MAUSS, il a notamment publié, La société vue du don, La découverte, 2008 et Justice, don et association, La découverte, 2002. Il a par ailleurs édité et présenté les nouvelles publications de La morale sociale de Benoît Malon et de l’Essai sur l’individualisme d’Eugène Fournière dans la collection « Bibliothèque républicaine », Le Bord de l’Eau éditions, en 2007 et 2009.

Le Bord de L’eau éditions
Tél : 05.56.20.19.21
www.editionsbdl.co

SOMMAIRE

PROLOGUE. UNE BRUTE, QUI SE CROIT L’ÉGALE D’UN HOMME

INTRODUCTION. FAUT-IL EN FINIR AVEC LE VIEUX SOCIALISME ?
Retour aux origines ou les baptêmes du socialismes
Le socialisme est-il de gauche ?
Le fil rompu du socialisme républicain français
Les « libéralisations » de la gauche
La délicate essence du socialisme : plan de l’ouvrage

PARTIE I. AU-DELÀ DU RÈGNE DE L’INTÉRÊT : LE SOCIALISME OU L’ÈRE ALTRUISTE

CHAPITRE 1. LA CRITIQUE MORALE DU CAPITALISME DES PREMIERS SOCIALISTES FRANÇAIS
L’intérêt mène-t-il le monde ?
Bonheur individuel, bonheur collectif
Morales socialistes, morales de l’association

CHAPITRE 2. SOCIALISME ET SENTIMENTS MORAUX : LA MORALE SOCIALE DE BENOÎT MALON
Au-delà du matérialisme, même historique
Au-delà du règne de l’intérêt, même de classe
Lutte pour la vie et association pour la lutte
Penser en pessimiste, agir en optimiste

CHAPITRE 3. MATÉRIALISME OU IDÉALISME HISTORIQUE ? LA FORCE DES IDÉES SELON EUGÈNE FOURNIÈRE
La morale socialiste, une morale sans obligation ni sanction ?
Au-delà de l’utopisme subjectivif et du réalisme objectif
L’idéalisme social ou la force des idées
Une métaphysique positive de l’évolution
De la Cité de rêve à la Cité réelle
Une morale sociologique de la sociabilité

PARTIE II. COOPÉRATION ET DÉMOCRATIE. LE SOCIALISME OU L’« AUTO-GOUVERNEMENT DES CITOYENS ASSOCIES »

CHAPITRE 4. LE SOCIALISME EST-IL SOLUBLE DANS L’ASSOCIATION ?
De l’association à l’associationnisme
Associationnisme et Révolution démocratique
Le mouvement socialiste et ouvrier, laboratoire des utopies et des pratiques associatives
L’associationnisme de 1848 et son héritage fin de siècle
La paradoxale consécration républicaine et l’âge du reflux
Promesses et ambiguïtés de l’associationnisme contemporain

CHAPITRE 5. PROUDHON OU LA RÉPUBLIQUE DES ASSOCIATIONS
Un républicanisme introuvable ?
Un associationnisme versatile
La République des associations ou la République des contrats
La mutualité comme éthique et comme politique de la reconnaissance
Donnant/donnant ?
À qui se fier ? Justice et reconnaissance

CHAPITRE 6. ASSOCIATION ET COLLECTIVISATION. LIBERTÉ, ÉGALITÉ ET PROPRIÉTÉ SOCIALE SELON JAURÈS
L’impératif de socialisation
Propriété sociale, propriété commune, propriété civique
Du socialisme associationniste au collectivisme jauressien
Collectivisme, communisme et associationnisme chez Malon
La sociocratie de Fournière ou la socialisation par l’association
Le collectivisme associationniste et démocratique de Jaurès
Propriété collective et citoyenneté sociale : Jaurès et les retraites ouvrières
Association et capital collectif : le projet de 1886
De l’assurance à la démocratie sociale : le débat de 1910 et la loi sur les ROP
Solidaires ou citoyens ? L’invention du social et la délitescence du politique

PARTIE III. L’UNIVERSELLE FIERTÉ DANS L’UNIVERSELLE SOLIDARITÉ HUMAINE : LE SOCIALISME OU LA RÉPUBLIQUE DES INDIVIDUS

CHAPITRE 7. DE LEROUX À DURKHEIM : LES NOCES RÉPUBLICAINES DE L’INDIVIDUALISME ET DU SOCIALISME
1826 : Le baptême saint-simonien ou la double critique inaugurale
1834 : Individualisme et principe d’individualité selon Pierre Leroux
Le moment proudhonien : au-delà de l’individualisme et du communisme
La synthèse sociologique : individualisme et socialisme selon Durkheim
Via media ou la synthèse républicaine
Socialisme, individualisme et holisme

CHAPITRE 8. LA « LOI DE L’UNIVERSEL ÉCHANGE ». LE SOCIALISME COMME INDIVIDUALISME RELATIONNEL
« Les individualistes, c’est nous, les anti-individualistes, c’est eux »
Coopération et conflit ou la « loi de l’universel échange »
La genèse historique du sentiment individualiste et le moment révolutionnaire
Au-delà du déterminisme et du libéralisme métaphysique
Une conception positive de la liberté
La loi comme coopération des volontés
Le socialisme, « un libéralisme d’extrême gauche » ?
Solidarité et autonomie ou la socialisation comme individualisation
Au-delà du « mysticisme de l’État », un socialisme de la coopération

CHAPITRE 9. AU-DELÀ DE LA MORALE DU MÉRITE : LE PARI DE L’ÉGALITÉ DU SOCIALISME RÉPUBLICAIN
L’égalité se mérite-t-elle ?
« À chacun selon ses besoins » ? Au-delà du communisme intégral
Éducation universelle, suffrage universel et propriété universelle
Pari de l’égalité, pari du don
L’universelle fierté humaine dans l’universelle solidarité humaine

CONCLUSION. LA DÉLICATE ESSENCE DU SOCIALISME ET SON « LIBÉRALISME »
Pour une économie plurielle
Économie de marché, société de marché
Les écueils de la social-démocratie
Pour une politique expérimentale
Un nouveau matérialisme ?
Vivre tout de suite la vie socialiste
Pour un socialisme décent

Un socialisme réformiste parce que libertaire
(et réciproquement)
Une politique de la décence
ou comment neutraliser la concurrence économique
Socialisme, libéralisme, libéralité

ÉPILOGUE. DÉJÀ LES VACHÈRES D’AMÉRIQUE JOUENT DU BEETHOVEN
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

NOTES

[1Voir aussi la recension de Alain Bergounioux, initialement parue dans l’Ours. >http://www.journaldumauss.net/spip.php?article620